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TOGO: La frivolité d’une diplomatie qui s’éparpille au … Darfour

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A force de vouloir être sur tous les fronts, la diplomatie togolaise, pourtant rayonnante, multiplie des sorties souvent impertinentes. Si s’imposer au Sahel a conforté l’image de médiation et d’ouverture du Togo, courir les vallées du Népal ou les montagnes du Kosovo ou encore se faufiler dans les ruines du Darfour peuvent paraître inutiles pour un pays qui a des ressources limitées. D’autant qu’on a vu ses limites et fourvoiements autour de la candidature d’un togolais au poste de Secrétaire général de l’Organisation mondiale des douanes, Omd.

Fin juin, alors qu’il candidate pour le poste de secrétaire général de l’Organisation mondiale des douanes, le Togo a échoué lamentablement. Derrière le cuisant échec, une absence totale du soutien de la diplomatie qui, alors que l’un de ses ressortissants lorgne le sommet de la faîtière mondiale des douanes, rase les murs. Robert Dussey était sur d’autres fronts, attitude devenue récurrente ces derrières années où le Togo apparaît là où on l’attend le moins et souvent là où personne ne veut aller. L’organisation cette semaine d’un sommet consacré au Darfour a fait sourire dans les chancelleries accréditées à Lomé. Dans la précipitation, sans en déterminer de façon pertinente les contours ni même la forme idoine, un impromptu sommet, sans le moindre impact là où la communauté internationale tâtonne depuis la création du Soudan du Sud en 2013, amuse luxueusement une galerie de trop.

Au Sahel, présent!

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Au Mali avant et au Burkina Faso un peu plus tard, le Togo a mené une offensive approche qui, non seulement a conforté sa « reluisance » diplomatique mais aussi aiguisé une influence dont Faure Gnassingbé a eu besoin pour faire libérer 46 soldats ivoiriens arrêtés par Bamako. Au prétexte d’une tentative de déstabilisation qui n’a jamais existé, on le sait maintenant. Cette coopération sud-sud, souvent privilégiée par ce petit pays d’Afrique de l’ouest depuis toujours, a montré son efficacité. C’est d’ailleurs Gnassingbé Eyadema qui en est l’instigateur. L’ex président a toujours, habilement, évité toute anicroche avec ses voisins et prôné à travers la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest, Cedeao, dont il fut incontournable acteur, un vivre-ensemble-avec-le-voisin. Une option entretenue par son fils depuis son arrivée au pouvoir en 2005. Lors de son adresse sous forme d’interview à l’occasion de la fête nationale d’avril dernier, Faure Gnassingbé a insisté que le fait que son pays veut « pouvoir parler avec tout le monde » et ne pas avoir d’ennemis. Cette posture a rapproché le Togo de nombreux pays africains notamment le Maroc, l’Afrique du Sud, le Congo, le Gabon, la République démocratique du Congo et récemment la Centrafrique. Cette dynamique a aussi lancé de nouveaux axes sud-sud notamment entre Lomé et Ankara et cela se comprend aisément. Sauf qu’à vouloir tout embrasser, cette diplomatie à la fois stable et enviée prend le risque d’un essoufflement.

Curieux Darfour

Il est évident que sauf à faire un bling-bling estival, ce sommet était superflu si ce n’est inutile. En tout cas, au moins inefficace. La plupart des chancelleries occidentales à Lomé n’en comprennent point l’opportunité. Pour trois raisons principales. D’abord, il s’agit d’un conflit historique qui trouve ses racines dans la période où le Soudan était unique. Pendant très longtemps, le conflit s’est enlisé totalement et pire, ces derniers mois, la crise au Soudan voisin l’a davantage aggravé par l’arrivée incontrôlée de réfugiés occasionnant une circulation prolifique d’armes. Ensuite, des actions plus adaptées sont en cours. Notamment une reprise en main du dossier par Joe Biden. Si la création du Soudan du Sud est un fantasme de Washington et du Saint-Siège, motivée en partie par des susceptibilités religieuses, la droite américaine porte plus de soutiens et d’attention au nouvel état, comparativement aux Démocrates au pouvoir. Mais à l’initiative du pape François récemment, les États-Unis ont relancé leur implication. Le souverain pontife s’est d’ailleurs rendu, et nous avons eu l’honneur de l’y accompagner, à Djouba, erratique capitale de l’improbable état en janvier dernier. Depuis, la Secrétairerie d’Etat du Vatican en a fait une priorité. Pour plus d’efficacité, le pape a associé à son voyage Justin Welby, chef exécutif de l’église anglicane, Riek Machar, l’un des protagonistes étant protestant et porté par les élites de sa confession religieuse. Enfin, la crise sanitaire occasionnée par la dégradation de la situation ces derniers mois a accentué l’implication de l’Organisation des Nations unies. Dans ce contexte, le sommet de Lomé ne peut qu’être de trop.

Rester à l’essentiel  

C’est ce qui manque à la diplomatie pourtant dynamique du Togo. Le ministre des affaires étrangères, peut-être de bonne foi, est partout. Tantôt dans un recoin des Antilles, tantôt dans un pays perdu de l’Asie du sud-est sans résultats concrets. Robert Dussey qui est à la base un philosophe se voit reprocher le manque de clarté de sa stratégie. En temps de crises multiples et multiformes comme celles que connaît notre époque, il est plus judicieux de concentrer ses efforts sur l’essentiel pour rester efficace. C’est ce qui manque à la diplomatie togolaise qui a tout de même de souffle. Le Sahel est déjà un immense défi, la coopération sud-sud est de plus en plus rentable pour Lomé, un renforcement de son ouverture sur l’international est souhaitable sans s’éparpiller dans les détails, à force de vouloir être partout en même temps. Combien de sommets, plutôt de bonne utilité ont eu lieu dans le pays sans aucune suite ni suivi ? Réduire le nombre de sommets et autres réunions tout en maintenant un mécanisme de suivi serait plus pertinent. Ce, d’autant plus que le Togo ne dispose que de si peu de moyens. Le développement interne, le mieux-être des togolais et la gestion d’urgence comme l’inondation qui a mis récemment de nombreux quartiers sous l’eau nécessitent trop d’investissements pour que l’Etat se fourvoie dans des sommets. Et surtout, s’intéressant au Darfour, lointaine et si inconnue contrée! Une balade de santé de plus, comme Robert Dussey en rafole et sait en inventer.

MAX-SAVI Carmel, pour Afrika Stratégies France

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