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TOGO : Sébastien Nadot, le gersois qui secoue les cocotiers et donne l’insomnie à Lomé II

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Depuis quelques semaines, il enchaîne des sorties à grands échos sur les dictatures africaines notamment la Guinée et le Togo. Devenu la bête noire de Lomé et le chouchou des réseaux sociaux, la presse proche du pouvoir multiplie des attaques à l’encontre de cet historien de conviction, plus tiré à gauche et résolument tourné vers l’international. Alors que la politique africaine de l’Élysée est décriée par les opinions locales, l’élu de la Haute Garonne est devenu, malgré lui, le héro de ces peuples qui perdent espoir.

La semaine dernière, il a fait l’objet de quelques articles de presse à Lomé. Un journaliste proche du pouvoir lui a même consacré une tribune, maladroitement obscène, qui dépeint sur fond de ragots et mensonges celui qui, fort de la souveraineté déléguée du peuple français, semble devenir le porte voix du droit international et le défenseur de la vérité des urnes. Depuis qu’Agbéyomé Kodjo crie au holdup électoral à la suite de la frauduleuse présidentielle de février 2020, il a eu très peu d’échos à Paris. Et pour cause, « la corruption généralisée » grevée des collusions mafieuses œuvre à faire oublier la tragédie du peuple togolais et celui du « Président élu du Togo » qui vit en clandestinité  depuis 08 mois et dit « craindre pour sa vie ». Le candidat de la Dynamique Mgr Kpodzro (Dmk) accuse Paris de soutenir les dictatures africaines et indexe la lettre de félicitation d’Emmanuel Macron à Faure Gnassingbé comme étant « fausse ». Agbéyomé Kodjo met quiconque au défi de lui apporter la preuve du contraire. Ces persistantes accusations trouvent échos auprès de Sébastien Nadot et d’autres élus occidentaux aussi bien en Europe qu’en Amérique. Après avoir sommé la présidence française de faire la lumière sur cette affaire, celui qui veut faire de la politique française en Afrique son cheval de bataille mobilise d’autres élus français et européens dans son réseau. Objectif, perturber la visite d’amitié annoncée entre Faure Gnassingbé et Emmanuel Macron pour le printemps. En attendant, Nadot s’associe à une large vision des crises africaines et vise « la régionalisation de la lutte » étendue à plusieurs pays aux contextes similaires. République démocratique du Congo (RDC), Guinée, Cameroun mais surtout le Togo, il a par une tribune conjointe inédite signée des « présidents spoliés de leur victoire » lancé le 22 février 2021, date de la crise électorale togolaise, une plateforme des forces de la rupture politique en Afrique et dans le monde. Visionnaire, Sébastien Nadot conscient des temps nouveaux, ne lâchera rien malgré les premières attaques venues de Lomé.

Le soutien de l’Élysée aux dictatures

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Ses sorties sont suivies de près depuis Lomé II. Le président togolais se tient informé au quotidien et s’il s’est refusé à alerter l’ambassade de France à Lomé pour « ingérence » comme l’a suggéré une partie de son entourage, il scrute chaque tweet de celui qui est devenu un objet d’insomnie pour lui. Et pour cause, Faure Gnassingbé aurait voulu que sa visite de printemps prochain passe inaperçue. Il ne voudrait pas que de répétitives sorties de Sébastien Nadot dont il ne comprend pas les motivations ne viennent repousser une occasion tant attendue. En effet, le président togolais est le seul chef d’Etat de l’Afrique de l’ouest à n’avoir pas été reçu à l’Élysée alors que pour comparaison, Alassane Ouattara s’apprête à être reçu pour la 12e rencontre en 10 ans. Il y a de quoi réveiller la presse locale proche du pouvoir contre l’élu français. Sébastien Nadot de par sa connaissance des dossiers en tant que membre de la commission des affaires étrangères de l’assemblée nationale française, a pour principal cheval de bataille les travers de la politique africaine de la France. S’appuyant sur le droit international, il sait dénoncer avec intelligence les liens incestueux entre Macron et certains despotes sur le continent. Mais très vite, il a fait du Togo son sujet de prédilection. Cela est en partie due au lobbying mis en place par le Gouvernement d’exil d’Agbéyomé Kodjo et la diaspora proche de la Dmk, cette alliance de contexte autour de Mgr Kpodzro, ancien archevêque émérite de Lomé. Au-delà du Togo, le docteur en histoire de 48 ans vole, pêle-mêle, au secours du Gabon, du Congo, de la Guinée mais aussi de la Côte d’Ivoire et du Cameroun. Ces derniers jours, l’affaire de fausses lettres de félicitation refait surface, et directement sur Twitter Emmanuel Macron et Yves-Le Drian sont interpellés.

L’épineuse question des lettres de félicitation dites « falsifiées »

On peut dire qu’il s’agissait, jusqu’à début février dernier, d’une affaire dormante. Agbéyomé Kodjo, depuis la présidentielle en a parlé sans échos. Il s’agit d’un courrier, en date du 25 mars 2020. La correspondance ne portait pas les sceaux de la République française, ce qui est l’un des arguments de la Dmk pour en dénoncer l’inauthenticité. Mais nous avons pu retrouver d’autres courriers présentés sur papiers volants et émanant de Macron. Sauf sur celui adressé à Faure Gnassingbé, la signature ne correspondrait pas à celle de Macron et plus encore, Agbéyomé Kodjo soutient avoir eu confirmation de la « nature fausse du courrier » de par ses contacts à Paris. Ce qui a été jusque-là surprenant est que le service de presse du président Macron n’ait pas démenti l’information depuis quasiment 12 mois. Pis encore,  l’ambassade de France au Togo se refuse à tout commentaire alors qu’elle aurait pu lever les doutes à travers un simple communiqué. Ce d’autant plus que l’ambassadeur Marc Vizy, qui était en poste à l’époque, est accusé par le principal challenger de Faure Gnassingbé en février 2020 d’être l’auteur du courrier incriminé. Le 16 février2021, dans la foulée d’un tweet sur le sujet, Sébastien Nadot a sommé l’Élysée « solennellement de démentir publiquement cette fausse lettre ». Le 24 février 2021 sur Tempo Afric TV, Sébastien Nadot fort de son expérience en tant que membre de la commission affaires étrangères du Palais Bourbon, enfonce le clou avec des précisions expertes sur l’absence de preuves de cette lettre de félicitation au niveau des canaux diplomatiques. A ce jour son interpellation à Macron n’a pas encore de suite, ce qui est loin de le décourager. Alors qu’il se mobilise contre la visite de Faure Gnassingbé qu’il taxe de s’être « attribué la victoire de l’élection présidentielle togolaise du 22 février 2020 par la force des armes et contre le résultat des urnes » dans un courrier parvenu à Afrika Stratégies France, il fait « un travail d’information » auprès des institutions françaises.

Le réseau Nadot pour le lobbying se met en place

Intellectuel chevronné et ayant l’oreille tournée vers l’Afrique, le professeur agrégé d’éducation sportive qui est aussi docteur en histoire tisse sa toile anti-Faure. Dans les prochains jours, il entend mobiliser des élus européens voire américains sur la cause togolaise. Et pour lui, la meilleure occasion est le voyage prochain de Faure Gnassingbé à Paris. Prévu pour le printemps, il pourrait être repoussé à cause de la crainte de Macron à « choper le variant sud africain de la Covid-19 ». Ses médecins l’ont mis en garde contre un variant qui « pourrait lui laisser des séquelles », ce qui a justifié l’annulation de plusieurs audiences avec des personnalités africaines ou ayant séjourné en Afrique du sud ces dernières semaines. Selon nos sources, la visite du président togolais aura lieu fin avril. Sauf que d’ici là, un collectif d’élus français, notamment de gauche se met en place à Bruxelles contre cette visite. La Coordination internationale de la Dynamique Mgr Kpodzro (Cidmk) en appoint au gouvernement d’exil d’Agbéyomé Kodjo active ses quelques contacts et surtout, les Togolais de la diaspora entendent saisir cette occasion pour se faire entendre plus que jamais. Quant à Sébastien Nadot, en travaillant contre les ventes d’armes à l’Arabie Saoudite et aux Émirats Arabes Unis, celui qui a dénoncé de récentes livraisons « d’hélicoptères de répressions » au Togo tient Lomé à l’œil. Et dans l’opinion française, son combat est bien perçu. Ce natif de la Gascogne en Occitanie pourrait devenir un cas d’école pour l’Assemblée nationale française dont les élus sont très déficitaires sur leurs connaissances de la politique française de l’Afrique.

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