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Le gouvernement centrafricain reconnaît que des Russes ont commis des violences contre des civils

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Les forces bilatérales russes en Centrafrique sont accusées d’atrocités : viols, meurtres, comportements inhumains et dégradants…

Dans un rapport, le gouvernement centrafricain a reconnu pour la première fois la responsabilité de ses alliés russes dans la commission de crimes contre des civils, au même titre que les rebelles de la CPC et les Forces Armées Centrafricaines (FACA).

« Ils ont tiré sur ma tante »

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Nous sommes à Sibut, à 186 km au nord de Bangui. Ici nous rencontrons Igor. Bouleversé, il accuse les forces russes d’avoir tué sa tante : « C’était une très vieille dame de 87 ans, ils lui ont tiré dessus, j’ai même les photos que je garde dans mon appareil. Juste un mois après, je dormais dans ma petite case et j’écoutais dehors des balles. Je voulais sortir pour voir, mais quelque chose m’a retenu et j’ai juste ouvert la fenêtre mais je n’ai vu personne.

J’ai donc pris la décision de sortir et j’ai ouvert la porte. J’ai vu un Russe dans ma maison, dans le couloir et il allait dans la chambre du fond. Quelque chose m’a propulsé et je suis sorti. Quand il a entendu mes bruits, il a commencé à tirer dans toutes les chambres. Cela a alerté tout le monde, les policiers sont arrivés et ses collègues russes aussi et ils l’ont pris ».

A Bocaranga, un rebelle armé (archive)
Les rebelles et les FACA ont aussi été mis en cause pour des violences contre des civils

 

Ni sango ni français

A Ndélé dans le nord, les violences et roquettes attribuées aux Russes affectent la communauté. Aziza Alimé est députée de la localité, elle a vu ses biens confisqués par les Russes et s’alarme de l’impact de leur comportement sur la vie des populations : « La présence de nos forces alliées dans la localité de Ndélé a fait qu’il y a des pénuries d’aliments », raconte-t-elle.

Elle précise que ces pénuries sont dues à la fuite des éleveurs et des agriculteurs qui ne viennent plus à Ndelé. « Il y a eu des dérapages. Comme vous le savez, eux, ils ne connaissent pas le sango et ne parlent pas le français, ils ne font pas confiance aux autorités administratives et locales. Ils travaillent comme ça, ils ne peuvent pas faire la différence entre la population civile et les groupes armés. C’est pourquoi tout le monde a fui et c’est ce qui fait peur ».

Ne pas décourager les alliés de Bangui

Ce rapport  sur les violences commises par des Russes est salué par les organisations de défense des droits de l’Homme mais il agite une partie de la classe politique centrafricaine. Certains élus de la majorité pensent qu’il décourage les alliés de Bangui, ce qui risquerait d’inverser les rapports de force en faveur des rebelles.

A l’Assemblée nationale ce mercredi [20.10.21], le ministre de la Justice Arnaud Djoubaye Abazène a été interpelé sur les enjeux du rapport. Mais le ministre promet que des sanctions seront prises.

Il déclare : « Les présumés auteurs, les faits qui sont établis ou pas et donc ce sont des situations qui seront examinées par des unités de police judiciaire et nous, ministre de la Justice garde des sceaux qui menons la politique anticriminelle du pays, nous allons assurer le suivi pour que les dossiers soient suivis conformément à la loi parce que la culture de l’impunité est proscrite ».

Les victimes des groupes cités dans le rapport espèrent qu’avec la reconnaissance par le gouvernement des crimes, elles auront droit à la justice et à des réparations.

Afrika Stratégies France avec Deutsche Welle Afrique
 

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