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Ukraine : A « l’Allée de la Solidarité » à Medyka, une forte mobilisation française

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Depuis l’invasion de l’Ukraine, la ville frontalière de Medyka abrite un élan sans précédent de mobilisation au point où, une « Allée de Solidarité » a vu le jour. Médecins, anciens militaires, artistes et anonymes venant de tout le continent mais aussi de l’hexagone y multiplient des initiatives. Reportage.

De Cracovie, 3 heures de train sont nécessaires pour parcourir les 205 Km qui séparent la 2e ville polonaise de la principale agglomération de l’extrême sud-est, Przemyśl. Sa gare dont les bâtiments sont transformés en espaces d’accueil pour les déplacés ukrainiens grouille de monde. Ici un bureau de médecins sans frontières, là une salle dédiée à Caritas Pologne, un peu plus loin, des secouristes de la Croix rouge ont transformé une longue banquette en bureau d’enregistrement pour les arrivants. A 30 Km de Przemyśl, à Medyka, les premières prises en charge sont assurées par des bénévoles venus de toute l’Europe, sur la frontière ukraino-polonaise. Très nombreux, les français y jouent leur partition.

Medyka pris de court

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Plusieurs dizaines de tentes sont improvisées de part et d’autre d’une route boueuse que presque personne n’empruntait il y a encore quelques semaines. Sauf qu’ici, début avril, la température est glaciale. Lauriane distribue de la boisson chaude. « Café ou thé » demande-t-elle aux passants, souvent des humanitaires, parfois des déplacés ukrainiens. A 23 ans, cette étudiante en sociologie a quitté, avec deux autres amis, sa Bretagne natale. Confortée par sa maitrise de l’anglais, elle sert aussi d’interprète pour ces ukrainiens dont l’immense majorité ne parle aucune autre langue européenne. A côté d’elle, Yanick avec qui, il y a encore deux mois, elle fréquentait la même faculté à Rennes propose des habits chauds à ceux qui sont surpris par le froid. « Ici, le temps est breton » ironise-t-il, « il change plusieurs fois par heure » précise celui qui n’entend pas retourner en France tant qu’il y des déplacés. En quelques jours, Medyka qui ne compte qu’environ 8000 habitants est désormais la capitale européenne de la solidarité avec de nombreux humanitaires dont beaucoup de français.

L’étendard tricolore flotte de générosité

L’origine des humanitaires est reconnaissable aux couleurs des drapeaux qui flottent à l’entrée de leur tente. Italie, Allemagne, Suède, Israël, Japon, Canada ou encore Etats-Unis, les pavillons se succèdent. Quand Jenni, venue de Stockholm  se presse vers la tente des français, ce n’est pas que pour « avoir des médicaments contre la douleurs« , les plus fréquemment utilisés ici. Elle vient de recevoir une famille sénégalaise « ne parlant que français« . Elle peut compter sur Ludovik, un trentenaire du groupe des français qui parle couramment suédois. Sous une bâche d’environ 40 mètres carrés, les français ont stockés des habits, des jeux pour enfants, quelques vivres mais aussi des produits usuels comme des brosses à dents ou des pates dentifrices. « Nous disposons aussi de plusieurs cartons de médicaments » précise l’une des responsables. Travaillant dans la distribution pharmaceutique en France, Ingrid n’a pas eu du mal à mobiliser deux camions de médicaments et à prendre la route, début mars, avec trois retraités de Toulouse où vivait cette mère de famille.

Des profils divers et variés

Parmi les français, des étudiants, des retraités, des intermittents mais aussi des anciens militaires. Si, comme la petite dizaine d’hommes et de femmes en treillis qui portent sur leur épaule des fanions tricolores, Cédric, 49 ans, est ici depuis le début de la guerre, il « n’a pas l’intention de se battre« . D’origine italienne et après une carrière dans la Légion étrangère française, ce catholique fervent originaire de la Sicile préfère ici cordonner les secouristes. « Beaucoup de ceux qui sont venus se battre ont été déçus » selon l’ex caporal qui évoque des troupes « bourrés de civils mal organisées« . Et malgré la trêve qu’impose l’enlisement de la guerre, Laurent, médecin à Lyon, vient d’arriver et espère « pouvoir rapidement » Lviv, la plus importante ville de l’ouest ukrainien se trouvant à 80 km de Medyka. En attendant, il va accomplir une première mission, accompagner dans un foyer à Przemyśl une vingtaine d’ukrainiens qui viennent de traverser la frontière. Car à Medyka, les arrivants ne passent que quelques heures, le temps de rejoindre l’un des 800 camps d’accueil répartis au sud de la Pologne.

 MAX-SAVI CARMEL, Envoyé spécial à Medyka

 

 

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