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En Libye, le Parlement défie le gouvernement avec un nouveau Premier ministre

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Bien que le Premier ministre intérimaire, Abdelhamid Dbeibah, ait indiqué ces dernières semaines qu’il ne céderait le pouvoir qu’à un gouvernement sorti des urnes, le Parlement libyen a désigné, jeudi, l’influent ex-ministre de l’Intérieur Fathi Bachagha pour le remplacer à ce poste-clé.

Le Parlement libyen a désigné, jeudi 10 février, l’influent ex-ministre de l’Intérieur Fathi Bachagha pour remplacer Abdelhamid Dbeibah à la tête du gouvernement, lors d’un vote controversé susceptible d’exacerber les luttes de pouvoir en Libye.

Ces dernières semaines, Abdelhamid Dbeibah a pourtant fait savoir qu’il ne céderait le pouvoir qu’à un gouvernement sorti des urnes, critiquant les intentions du Parlement.

« Le Parlement vote à l’unanimité la confiance à Fathi Bachagha comme chef du gouvernement », a indiqué le porte-parole du Parlement, Abdallah Bliheq, à l’issue d’une séance à Tobrouk (est).

Le Parlement avait retenu, après un appel à candidatures, deux prétendants sur un total de sept: Fathi Bachagha, 59 ans, et l’outsider Khaled al-Bibass, 51 ans, un ancien haut fonctionnaire également au ministère de l’Intérieur.

Avant de faire procéder au vote, le président du Parlement, Aguila Saleh, l’un des principaux rivaux du gouvernement Dbeibah, a affirmé que Khaled al-Bibass avait retiré sa candidature, laissant Fathi Bachagha seul en lice.

La séance était retransmise en directe avant d’être interrompue au moment du vote. Cité par des médias libyens, Khaled al-Bibass a démenti avoir retiré sa candidature.

Bachagha et Dbeibah, tous deux originaires de l’ouest du pays, disposent chacun du soutien de groupes armés en Tripolitaine. Les deux hommes politiques, qui entretiennent une âpre rivalité, étaient aussi candidats à l’élection présidentielle qui était prévue en décembre avant d’être reportée sine die.

« Je n’accepterais aucune nouvelle phase de transition ou autorité parallèle », a averti Abdelhamid Dbeibah, mardi, dans un discours télévisé, en affirmant que son gouvernement intérimaire ne remettrait le pouvoir qu’à « un gouvernement élu ».

« Mandat expiré »

La Libye s’est enlisée dans une crise politique majeure après la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011. Après des années de conflits armés et de divisions entre l’Est et l’Ouest, le gouvernement Dbeibah a été mis sur pied il y a un an, sous l’égide de l’ONU, pour mener la transition d’ici une double élection présidentielle et parlementaire initialement prévue le 24 décembre mais qui n’a finalement pas eu lieu.

Censées être l’aboutissement de l’interminable transition post-Kadhafi, ces élections ont été reportées, sur fond de désaccords entre un pouvoir à l’Est incarné par le Parlement et le maréchal Khalifa Haftar, et un autre à l’Ouest, autour du gouvernement Dbeibah à Tripoli et du Haut Conseil d’État, instance faisant office de Sénat.

Le Parlement basé à Tobrouk estime que le mandat de l’exécutif a expiré avec le report des élections, mais l’exécutif assure que sa mission est censée durer jusqu’à la désignation d’un gouvernement sorti des urnes.

Afrika Stratégies France ave France 24

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