De par son poids démographique et électoral, c’est une partie du Cameroun à fort enjeu pour la présidentielle à venir, en octobre. Le septentrion, qui regroupe trois régions, Extrême-Nord, Nord et Adamaoua, était au cœur des attentions du chef du gouvernement cette semaine. Le Premier ministre, Joseph Dion Ngute, y a fait un déplacement de trois jours, au nom du président Paul Biya, pour porter un message d’apaisement, après plusieurs manifestations de mécontentement ces derniers mois.
« Cette visite fut un succès ». Selon l’équipe du Premier ministre, elle a permis de « reconnecter le chaînon manquant entre le président et ceux qui étaient mécontents ». Joseph Dion Ngute a saisi l’occasion de l’inauguration du pont sur le Logone entre le Cameroun et le Tchad. Il était à Yagoua lundi 28 avril.
Il s’est rendu dans l’Extrême-Nord, a rencontré des élus locaux et constaté l’avancée des travaux sur l’axe Mora-Dabanga-Kousseri. L’Extrême-Nord est une des régions les plus peuplées du Cameroun, mais aussi la plus pauvre, frappée par l’alternance de sécheresses et d’inondations, en raison du réchauffement climatique. Elle est frappée également depuis plus de dix ans par l’insécurité et la violence générée par les groupes armés issus de l’insurrection nigériane voisine Boko Haram.

Plusieurs évêques originaires du septentrion ont marqué le début d’année en relayant le mal-être des Camerounais et leur aspiration au changement.
Et en février, à Kousseri, des élus locaux ont bruyamment protesté contre l’attitude jugée « méprisante » du secrétaire général de la présidence, Ferdinand Ngoh Ngoh lors de sa visite express avec sa délégation.
Mais pour Abdoulaye Harissou, figure de la société civile du « Grand nord », même s’il reconnait que le parti majoritaire garde une base électorale dans le septentrion, la visite du Premier ministre « ne peut compenser l’immense déception des habitants du septentrion camerounais ». « Un pont, une route, en 43 ans, s’ils n’ont que ça à présenter, le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est minime », dit-il. Le notaire à la retraite fait partie des initiateurs d’un appel républicain pour le changement en 2025.
Afrika Stratégies France avec RFI
