Afrika Strategies
Revue d'intelligence et d'Analyse

RDC: après sa prise de parole, comment comprendre la stratégie de Joseph Kabila?

5 406

En RDC, le discours de l’ancien président Joseph Kabila en exil continue de susciter de nombreuses réactions. Un discours en forme de charge contre Félix Tshisekedi dans lequel l’ex-président lance aussi un appel à la résistance et redit sa volonté de se rendre à Goma, alors même qu’il est accusé par les autorités de soutenir la rébellion du M23/AFC.

En répétant son intention de se rendre à Goma « dans les prochains jours » Joseph Kabila envoie un double message : il dit son refus de se laisser intimider par la menace de poursuite en justice et rappelle qu’il n’entend pas accepter d’être écarté des négociations en cours pour mettre fin au conflit dans l’est du pays.

Ses propos sur les différents canaux de médiation en témoignent, Joseph Kabila dit accueillir « favorablement » le dialogue entamé entre l’AFC/M23 et les autorités congolaises à Doha.  Mais c’est à la médiation menée par les évêques congolais qu’il apporte son soutien le plus net. Des évêques qui plaident eux pour un dialogue inter congolais rejeté jusqu’à présent par Kinshasa.

Espace pub 830 X 140

Menace voilée d’un coup de force

Autrement dit, l’ancien président s’insurge de voir son successeur accepter de dialoguer avec son opposition militaire soutenue par le Rwanda et non avec son opposition politique interne, une opposition dont Joseph Kabilasouhaiterait prendre le leadership.

L’ancien président n’est pas plus explicite sur ses intentions. Mais il laisse planer entre les lignes la menace d’un coup de force, en affirmant être prêt aujourd’hui encore au « sacrifice suprême » pour « défendre la patrie ».

Ce faisant, Joseph Kabila réaffirme qu’à ses yeux, le conflit dans l’est est une affaire « congolo-congolaise avant tout ». Il s’est d’ailleurs gardé d’évoquer le rôle du Rwanda dans le conflit vendredi, mais a au contraire insisté sur la responsabilité de Kinshasa dans « la déliquescence de la situation sécuritaire » dans le pays.

L’exil silencieux des proches de Joseph Kabila

Entre inquiétudes sécuritaires et pressions politiques présumées, de nombreux membres de la famille et de l’entourage politique de Joseph Kabila ont fait le choix du départ à l’étranger. Certains se sont installés en Afrique, d’autres en Europe.

Zoé Kabila, frère de l’ancien président, a été parmi les premiers à quitter le pays. Ancien député national et ex-gouverneur du Tanganyika, il a quitté la RDC il y a un peu plus d’un an. Quelques mois plus tard, c’est sa sœur, Jaynet Kabila, elle aussi ancienne députée nationale et ex-présidente de la commission défense à l’Assemblée nationale, qui a quitté le territoire. La dernière en date à avoir quitté la RDC, c’est Marie-Olive Lembe, l’épouse de Joseph Kabila.

Elle a quitté le pays il y a six mois. Jusque-là, elle effectuait encore quelques allers-retours, veillant aux affaires familiales. Mais depuis décembre, elle n’est plus rentrée. Dans l’entourage politique, le départ le plus visible a été celui de Kikaya Bin Karubi, professeur de communication et ancien conseiller diplomatique. Autre nom cité : Patient Sayiba, ancien directeur général de l’Office de gestion du fret multimodal (OGEFREM), également très souvent avec l’ancien chef de l’État.

D’autres figures du régime se sont installées en Afrique du Sud, en Afrique de l’Est ou en Europe. Parmi elles : Néhémie Mwilanya, ex-directeur de cabinet à la présidence, ou encore Henri Mova, ancien vice-Premier ministre et ex-secrétaire permanent du PPRD. Au total, plusieurs dizaines de cadres du FCC ou du PPRD ont quitté le pays. La plupart gardent le silence, craignant, selon leurs proches, des représailles sur les familles restées en RDC.

Afrika Stratégies France

LogoFin

Obtenez des mises à jour en temps réel directement sur votre appareil, abonnez-vous maintenant.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que cela vous convient, mais vous pouvez vous désabonner si vous le souhaitez. Accepter Lire plus