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Racisme : le patron de l’OMS sort de ses gonds

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« Le monde ne traite pas la race humaine de la même façon. Certains sont plus égaux que d’autres », a lancé Tedros Adhanom Ghebreyesus. La vie des Ukrainiens compterait-elle plus que celle des Africains ?

Quand certains dénonçaient la monopolisation de l’espace médiatique par la crise ukrainienne, les habitants de l’hémisphère nord rétorquaient que la proximité géographique justifiait la priorité émotionnelle. Mais l’argument s’étiole, lorsqu’il s’agit de générosité dans le cadre d’institutions à vocation universelle. Et c’est justement le premier responsable d’une organisation du système onusien qui vient de mettre les pieds dans le plat.

Pour le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), « seule une fraction de l’aide apportée à l’Ukraine est consacrée à d’autres crises humanitaires ». Et Tedros Adhanom Ghebreyesus d’ajouter que la province du Tigré, notamment, ne reçoit pas la même attention. Les Nations unies ont déterminé que seuls 100 camions par jour de fournitures humanitaires vitales étaient nécessaires pour la région éthiopienne. L’ancien ministre éthiopien, originaire de cette province, tomberait-il lui-même dans le piège du sentiment sélectif de proximité ? Pour se dédouaner, le chef de l’OMS évoque également les crises négligées du Yémen, de l’Afghanistan et de la Syrie, crises qui ont débuté des années avant l’intervention russe en Ukraine et qui éveillent, elles aussi, des suspicions de crimes de guerre, entre exécutions extrajudiciaires et violences sexuelles.

Système mondial raciste

Si l’intervention en conférence de presse du directeur général détonne avec les habituels appels aux dons, c’est que Tedros Adhanom Ghebreyesus n’hésite pas à inscrire la situation dénoncée dans un système mondial qu’il considère raciste : « Je ne sais pas si le monde accorde vraiment la même attention aux vies noires et blanches. » Le pavé est dans la mare. Paraphrasant La Ferme des animaux de George Orwell, le DG ajoute que « certains sont plus égaux que d’autres ».

Au sein même de la crise ukrainienne, des accusations de racisme étaient déjà lancées contre des frontaliers ne traitant pas de la même manière les déplacés européens et africains. Et, qu’il s’agisse de racisme ou pas, nombre de crises d’Afrique noire ne sont pas seulement moins couvertes par les médias et les humanitaires, mais quasiment ignorées. La psychose continue dans la province congolaise meurtrie de l’Ituri, des attaques continuent de frapper le centre et le nord-ouest du Nigeria, des assauts viennent de provoquer la fuite de près de 14 000 civils sud-soudanais… Et que dire de l’enlisement de la Libye ou des zones sahéliennes mutilées quotidiennement par le terrorisme ? Le coup de sang de Tedros Adhanom Ghebreyesus pourrait n’être qu’un coup d’épée dans l’eau. Un directeur général d’institution internationale est-il impuissant à ce point ?

Afrika Stratégies France avec Jeune Afrique

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