Au Mali, cela fait tout juste deux ans ce dimanche que trois membres du Mouvement pour la paix au Mali (MPPM) croupissent en prison. Également membres du parti politique Sadi, Moulaye Baba Haïdara, Mahamoud Mohamed Mangane et Amadou Togola ont été enlevés entre le 25 mai et le 23 juin 2023 par la Sécurité d’État, qui leur a infligé de graves tortures pendant plusieurs mois avant que leur cas ne soit judiciarisé. Accusés notamment de « complot contre la sûreté de l’État », les trois hommes avaient dénoncé des exactions attribuées à l’armée malienne contre des civils. Depuis, ils attendent d’être jugés. Cela fait deux ans.
« Leurs conditions de détention sont de plus en plus dures », déplore un proche, qui décrit des brimades, des mois sans pouvoir accéder à un médecin, des entraves pour apporter de la nourriture… « Ils veulent nous faire du mal, mais c’est à eux qu’ils font du mal », déclare encore cette source, qui désespère de la justice, des autorités maliennes de transition et ne s’en remet plus qu’à Dieu.
Tortures et séquelles

Moulaye Baba Haïdara, Mahamoud Mohamed Mangane et Amadou Togola souffrent toujours de séquelles physiques et psychologiques liées aux terribles tortures infligées dans les geôles secrètes de la Sécurité d’État : flagellations, scarifications, électrocution des testicules.
Malgré les décisions du juge d’instruction malien en charge de l’affaire et de la Cour africaine des droits de l’homme, en octobre 2024, et malgré un appel des experts onusiens sur les droits humains au Mali, en mars, les demandes de libération provisoire des trois détenus, motivées par des raisons médicales et par des vices de procédure, ont systématiquement été rejetées.
Aveux ou montage
Dernier motif invoqué par la Cour d’appel du Mali – dans un arrêt daté de février mais communiqué en avril – : des aveux, car les trois hommes auraient reconnu vouloir « renverser les autorités de transition », et cela « en lien avec d’autres individus établis à l’étranger ». L’entourage des trois hommes dément l’authenticité de tels aveux et dénonce « un montage monstrueux ».
Mahamoud Mohamed Mangane et Amadou Togola sont inculpés d’« association de malfaiteurs », « atteinte à la sûreté extérieure et intérieure de l’État », « atteinte à l’unité nationale et au crédit de l’État », « complot contre le gouvernement » et « complicité de faux, usage de faux et disposition du bien d’autrui ». Les trois militants du MPPM avaient été enlevés en dehors de tout cadre judiciaire, il y a deux ans, après avoir tenu une conférence de presse au cours de laquelle ils avaient dénoncé des exactions attribuées à l’armée malienne contre des civils. Aucune date n’a été fixée pour leur procès.
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