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Dette : pourquoi Kenya Airways demande un sursis à ses prêteurs

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La compagnie kényane devra demander à ses créanciers de prolonger les délais de remboursement des prêts en attendant que le Parlement approuve son projet de nationalisation. Après près d’une décennie de pertes, Kenya Airways se laisse trois ans pour réussir sa transformation.

La compagnie aérienne n’a payé des intérêts que sur ses prêts. « Jusque-là, les prêteurs nous ont compris », précise Allan Kilavuka, le directeur général de Kenya Airways, en ajoutant qu’il s’attend à ce qu’ils continuent à apporter leur soutien.

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Le gouvernement détient 48,9 % de la compagnie aérienne, avec un consortium de prêteurs qui en possède 38 %, et Air France-KLM qui cumule 7,8 % des parts.

Atteindre l’équilibre d’ici à la fin de 2024

Le principe de la nationalisation de la compagnie aérienne a été adopté par le parlement kényan en première et deuxième lectures, mais doit encore être revu une troisième fois. Selon M. Kilavuka, le projet de loi n’a pas été suffisamment érigé en priorité. « La nationalisation n’est pas une solution, ou une fin en soi. Ce n’est qu’une partie du processus de réforme.»

RASSEMBLER KENYA AIRWAYS ET KAA SOUS UN MÊME HOLDING, COMME L’A FAIT MAURICE

Le projet de nationalisation regrouperait Kenya Airways et la Kenya Airports Authority (KAA) sous une même compagnie : la Kenya Aviation Corporation. Kenya Airways et KAA entretiennent une relation « symbiotique », puisque la compagnie aérienne fournit 60 % des revenus de KAA, explique Allan Kilavuka. Le DG estime par ailleurs que « les rassembler sous un même holding reflèterait ce qui a été fait à Maurice ». Si à l’avenir la compagnie aérienne veut augmenter sa capacité, cela doit être « synchronisé » avec les objectifs de la KAA.

Dans l’attente d’un partenariat concret, l’entreprise se concentre sur le maintien de ses liquidités et la réduction de ses coûts tout en s’efforçant de pérenniser l’augmentation de son activité récemment observée. La compagnie aérienne est désormais à 65 % de sa capacité contre 50 % en début d’année. Le retrait par le Royaume-Uni du Kenya de la « liste rouge » relative au Covid-19 et la réouverture des voyages dans l’UE et aux États-Unis y ont beaucoup contribué, selon M. Kilavuka.

NOUS CHANGERONS DE CAP RAPIDEMENT SI BESOIN

Pourtant, le DG ne s’attend pas à un retour aux niveaux d’activité de 2019 avant la mi-2023. D’autant plus que les problèmes de la compagnie aérienne sont bien antérieurs au Covid-19, puisque cette dernière perd de l’argent depuis 2012. Le but ultime de Kenya Airways sera donc d’atteindre l’équilibre d’ici à la fin de 2024. Ce constat signifie que la compagnie aura traversé plus d’une décennie de pertes.

Desservir davantage, réduire la flotte

La compagnie aérienne dessert actuellement 42 destinations contre 53 avant la pandémie. Les routes que Kenya Airways envisage de rouvrir sont celles de Rome et Milan en Italie, Mogadiscio en Somalie et Hargeisa au Somaliland. La pandémie avait rendu l’entreprise « extrêmement flexible » dans le déploiement de la capacité, affirme Allan Kilavuka, en ajoutant qu’il sera possible de « changer de cap rapidement si besoin. »

LES PARTENARIATS SONT ESSENTIELS À NOTRE STRATÉGIE

Le patron de la compagnie nationale a décidé de réduire la taille de la flotte en acceptant de sous-louer deux avions Embraer E190 à Congo Airways. Kenya Airways a également conclu un accord de partage de codes de fret avec le transporteur de la RDC.

M. Kilavuka espère que ce partenariat pourra être prolongé, et aspire à trouver de nouveaux alliés professionnels afin de rationaliser la taille des flottes.« Les partenariats sont essentiels à notre stratégie. »

Diversifier l’offre à tout prix

Outre cette stratégie de partenariat, Kilavuka voit la diversification de l’offre comme une porte sur l’avenir. Dans les faits, le chiffre d’affaires du fret a augmenté de 60 % au cours des six premiers mois de cette année, alors que les recettes des vols commerciaux ont diminué de 17 %.

LES DRONES POURRAIENT ÊTRE UN AXE DE DÉVELOPPEMENT

Deux Dreamliners ont ainsi été convertis au fret. Kenya Airways aspire à ce que l’offre cargo représente 20% de son chiffre d’affaires d’ici à 2025, contre 10 % aujourd’hui.

Selon cette même volonté de développement, la compagnie aérienne vise également à se développer dans les drones et l’inspection des infrastructures.

Afrika Stratégies France avec Jeune Afrique

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