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COTE D’IVOIRE : Passage du patron de l’Interpol doit-il inquiéter Soro ?

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Ahmed Naser Al-Raisi a passé deux jours à Abidjan. Le président d’Interpol a multiplié ses rencontres et séances de travail avec les autorités alors que son séjour coïncide avec la confirmation de la condamnation des proches de Guillaume Soro. Cette visite qui renforce les liens entre la Côte d’Ivoire et l’organisation mondiale policière sonne-t-il le glas pour la bande Soro ?

195 pays de la planète soit deux de plus que l’Organisations des nations unies (Onu), l’Organisation internationale de police criminelle, communément abrégée en Interpol, est une organisation internationale créée le 7 septembre 1923 dans le but de promouvoir la coopération policière internationale. Elle est la concrétisation d’une idée émise une quinzaine d’années plus tôt par un français, Edmon Locard. Le professeur de médecine légale a installé dans sa ville, Lyon, le premier laboratoire scientifique, ce qui explique qu’Interpol ait son siège dans la même ville. En évitant au maximum d’être un instrument politique, l’organisation permet l’échange et l’accès, aux polices du monde, à des informations sur les infractions et les criminels et leur apporte un appui technique et opérationnel. Son alerte rouge est devenue légendaire d’autant qu’il a permis d’interpeler plusieurs milliers de personnes. L’une de ses plus célèbres opérations, Liberterra, a permis, en juillet 2021, l’interpellation de 286 personnes lors d’une action mondiale. La visite de son patron à Abidjan est tout sauf anodin.

Un séjour mouvementé

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Lors de son passage à Abidjan, la patron d’Interpol n’a pas été de tout repos. Ahmed Naser Al-Raisi a été reçu par Youssouf Kouyate, directeur général de la Police nationale de Côte d’Ivoire à son cabinet (Abidjan, plateau). Une rencontre qui a vite pris une allure technique puisqu’elle a été élargie à des experts de la police nationale. Les relations entre l’état hôte et l’organisation a été au cœur de l’échange sur la manière dont le pays soutient le travail d’Interpol pour combattre la traite des êtres humains, les extractions illégales ou encore le trafic de drogue. Après cette rencontre le 14 février, Ahmed Naser Al-Raisi a eu, le même jour, une séance de travail avec le bureau régional afrique de l’ouest d’Interpol à Abidjan. L’existence de ce bureau est cruciale pour aider à gérer les opérations conjointes en Afrique de l’Ouest et au-delà. Ahmed Naser Al-Raisi a remercié le bureau central national d’Abidjan de l’avoir accueilli et d’avoir souligné les initiatives menées pour renforcer la sécurité en Côte d’Ivoire.

Après Vagondo, un détour chez Ouattara

Quoi de plus normal de passer chez le premier flic ivoirien ? Ahmed Naser Al-Raisi a été reçu par le général Vagondo Diomandé. Le redouté ministre ivoirien de l’Intérieur et de la Sécurité s’est entretenu avec lui à son cabinet en présence de Youssouf Konaté, directeur de la police nationale. Ahmed Naser Al-Raisi a appris davantage sur les défis sécuritaires actuels auxquels la Côte d’Ivoire est confrontée. Si le terrorisme est au cœur des discussions ainsi que la traque des grands criminels recherchés par Abidjan, les observateurs scrutent le volet politique de la visite. Ce, d’autant que le 15 février, à tout seigneur tout honneur, la délégation d’Interpol est passée au palais présidentiel. Alassane Ouattara l’a reçu pour un long échange auquel ont pris part Fidèle Sarrasoro, influent directeur de cabinet présidentiel, ainsi que le directeur de la police ou encore le ministre de l’intérieur. Le chef de l’état a insisté pour que l’organisation aide son pays « à retrouver et arrêter tous les criminels recherchés par la justice« . Les regards se tournent vers Guillaume Soro et ses proches impliqués dans la déstabilisation du pays ainsi que des détournements massifs.

Soro en vue ?

Son nom n’a pas été explicitement cité. D’ailleurs, au cabinet d’Alassane Ouattara, on minimise son cas particulier. « Si l’état le cherche, il l’aurait, mais la justice l’ayant condamné, à lui de venir ou non répondre de ses actes » murmure-t-on alors que l’ancien président de l’Assemblée nationale est condamné à vingt ans de prison ferme pour « recel de détournement de deniers publics » et « blanchiment de capitaux » par le tribunal correctionnel d’Abidjan à la fin de l’année 2021. Ce dernier est en fuite, tantôt aperçu en Europe de l’Est, tantôt en France alors qu’Emmanuel Macron a signifié clairement qu’il « n’était pas le bienvenu en France« . En fuite avec plusieurs de ses proches aussi condamnés, Guillaume n’est pas totalement à l’abri d’une interpellation, même si « cela n’a pas été à l’ordre du jour » selon diverses sources concordances. Dans la foulée de la visite, la justice ivoirienne a confirmé la condamnation à 20 ans de prison pour neuf proches de Soro. Parmi eux figurent Souleymane Kamaraté, dit Soul to Soul, qui était le directeur de protocole de Guillaume Soro, le commandant Jean-Baptiste Kouamé, l’ex-responsable de la garde rapprochée de l’ancien président de l’Assemblée nationale, ainsi que plusieurs responsables militaires.

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