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BENIN : Le fantôme de Parfaite derrière l’accord cadre avec le Vatican

Sous la pression de Gbanamè, le Saint Siège a dû accélérer l’entrée en vigueur d’un accord-cadre signé depuis 2016. Désormais, l’église romaine a une primauté « légale et institutionnelle » sur toutes les autres organisations religieuses du Bénin peu après que Parfaite n’ait introduit auprès du gouvernement une convention d’accord de siège pour l’église dissidente et controversée qu’elle dirige.

Depuis une décennie, Parfaite, jeune femme trentenaire tourmente l’église catholique du Bénin par une dissidente dans laquelle elle a emporté plusieurs prêtres dont Mathias Vigan devenu Pape Christophe XVIII. Un phénomène qui draine les foules dans tout le pays malgré l’adversité du régime Yayi Boni et la guerre à elle ouverte par la conférence épiscopale du Bénin.  Pendant qu’elle use de sa promiscuité avec Claudine Talon, première dame, pour obtenir un accord de siège pour sa secte, le Vatican précipite l’entrée en vigueur de l’accord cadre qui l’unit depuis 2016 à l’Etat béninois. Comme si le fantôme de Parfaite ne cesse d’enquiquiner une institution qui, malgré ses 10 diocèses dont deux métropolitains et bien que comptant dans ses rangs  26% de la population, peine à résister à l’hémorragie.

En elle, Dieu gît au féminin

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Le weekend après l’Assomption, chaque année depuis une demi-décennie, cette église-parallèle organise son pèlerinage marial. A 200 km de Cotonou, perché sur une petite colline humblement appelé « Sovidji « petit mont » en fon, dialecte majoritaire dans le pays», le campement moderne qui sert de base arrière pour l’église de Jésus Christ de Banamè bouillonne de monde. Depuis la veille de la fête de l’Assomption, des dizaines de milliers de personnes viennent de tout le Bénin pour y vénérer la Vierge Marie, considérée ici comme l’épouse de Dame Parfaite,  plus qu’imparfaite incarnation de Dieu au Bénin. Elle le clame depuis de nombreuses années, devant la presse ébahie ou en face d’une foule acquise ou même, dans le bureau de Yayi Boni, pris de court. « Je suis Dieu, père de Jésus ». Cette fin de journée de jeudi, l’ancien président béninois s’est gardé des saccadés éclats de rire dont il a le secret. L’heure est grave, l’église catholique « régulière » se plaint et le chef de l’Etat qui a de bonnes relations avec Paul Vieira, évêque de Djougou (500km de Cotonou) et Antoine Ganyè, archevêque émérite de la capitale économique  veut jouer les bons offices. Mais rien n’y fit. Patrice Talon, son successeur a dû se rapprocher de la secte depuis qu’elle a pronostiqué, à raison, son élection deux ans plus tôt alors qu’elle était improbable. « Chaque semaine, Parfaite envoie des messages au président sur des visions et l’orientation de son action d’Etat au quotidien » confie un cardinal de l’église de Banamè qui aura été séminariste pendant de nombreuses années dans l’Eglise catholique. Il n’est d’ailleurs pas le seul rescapé de « l’église mère », récupéré par « la secte fille ». 4 religieuses et autant de prêtres défroqués y ont élu chapelle. Car tout est parti d’une église catholique dont le curé n’était personne d’autre que le futur pape local alors que Parfaite y résidait pour des séances d’exorcisme. Réclamant aujourd’hui 2 millions d’adhérents, cette nouvelle église installe prélats et prêtres à tout vent partout dans le pays, usant des mêmes accoutrements liturgiques pour que « la confusion soit totale », ce qui n’a de cesse d’irriter la conférence épiscopale du Bénin.

Talon et le Pape François, le document secret en question

Un mystérieux document dont Patrice Talon et ses proches nient l’existence. Plusieurs ministres et personnalités impliquées dans le voyage vaticanais du président béninois feignent de ne rien en savoir. Contactés par Afrika Stratégies, deux ministres et un prélat béninois basé à Rome crient « ne rien en savoir ». Pourtant, au ministère des affaires étrangères et dans la presse locale et internationale, on en fait cas. 272 pages, réalisés par des services du Vatican et consacré à la dangerosité de l’église de Banamè. Ledit document mettrait en garde contre des « pratiques sataniques » avec des preuves à l’appui et conseille au président béninois « d’étouffer le mal dans l’œuf ». Dans la foulée, comble d’hérésie, Parfaite a annoncé avoir envoyé le président béninois au Vatican pour « détruire à jamais l’église du diable ». Puis a ressorti le dossier d’attribution de siège qui traîne depuis l’ancien régime. Désormais et avec l’appui de la première dame, rien ne devrait empêcher cette secte d’avoir un statut particulier. Pour lui couper les herbes sous les pieds, l’église catholique y est allée très vite. Espérant par l’entrée en vigueur le 23 août dernier de son accord cadre, prendre définitivement l’ascendance sur une secte  qui saura toujours compter sur l’entourage de Talon et qui a déjà prophétisé sa « réélection ». Le chef de l’Etat n’aurait quant à lui, jamais fini de lire le document secret, « volumineux et fastidieux » selon un de ses très proches.

L’accord qui rassure l’église romaine

Depuis la visite mi-mai  à la cité papale du président Talon, la diplomatie du Saint Siège s’est montrée très active au Bénin. Le secrétaire d’Etat du Vatican, Pietro Cardinal Parolin s’est entretenu régulièrement avec le président Talon alors que Mgr Luka Jogy Vadakara, secrétaire de l’Ambassade du Vatican à Cotonou a multiplié des séances de travail avec le cabinet de Aurélien Agbenonci, ministre des affaires étrangères, pour accélérer l’entrée en vigueur d’un accord signé depuis octobre 2016. Et pour cause, le Pape François craint que l’accord de siège en négociation entre l’église de Banamè et l’Etat béninois n’aboutisse avant l’accord cadre entre Le Vatican et l’ex Dahomey d’autant que Claudine Talon nourrit une forte sympathie pour cette secte locale. La femme de Talon croit aux prophéties de Parfaite et continue, régulièrement, de la consulter discrètement. L’accord cadre Vatican-Bénin aura finalement été signé le 23 août à Cotonou, au ministère des affaires étrangères avec une forte délégation de la nonciature apostolique, reconnaissant à l’Eglise catholique « un statut juridique spécial » et lui garantissant « protection et soutien ». Les proches de la première dame font déjà de lobbying pour que l’accord de siège pour l’église de Banamè ne traîne point. Le prélat nigérian Brian Udaigwe, Nonce apostolique près le Bénin et le Togo tentera d’en dissuader le gouvernement.

Le Vatican pourra compter sur le lobbyiste et homme d’affaire très catholique Guido Dona, ami personnel de Talon et Consul honoraire du Bénin à Venise à qui un marché de réhabilitation d’une partie du palais présidentiel a été attribué gré à gré. Une vingtaine de milliards qu’il a encaissés avant d’accompagner le couple présidentiel au Vatican. Dona était l’invité spécial du président Talon à cette occasion et l’ conseillé sur l’échange qu’il aura avec le pape dans son bureau à Rome. Mais Parfaite qui menace de se venger n’a pas encore jeté l’éponge, signe que la guerre ne fait que commencer.

redaction@afrikastrategies.fr

 

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