Côte d’Ivoire: avec un nouveau parti, Laurent Gbabgo signe un grand retour en politique

L’ancien président ivoirien Laurent Gbabgo, de retour au pays depuis juin après près de 10 ans d’absence, lance ce week-end un nouveau parti politique « panafricain de gauche » avec l’élection présidentielle de 2025 en ligne de mire.

« C’est un évènement majeur qui fera sans aucun doute date dans l’histoire politique de la Côte d’Ivoire« , a lancé à la tribune du congrès Georges Armand Ouégnin, président du comité d’organisation de l’évènement, évoquant « un nouveau départ », pour M. Gbagbo qui doit s’exprimer dimanche.

« C’est le grand retour de Laurent Gbagbo sur la scène politique », assure à l’AFP Justin Koné Katinan, porte-parole de l’ancien chef de l’Etat.

T-shirts, bobs, pagnes, écharpes: l’effigie de l’ancien président était partout samedi, au prestigieux Hôtel Ivoire d’Abidjan, où plus de 1.600 « congressistes » étaient attendus.

A l’extérieur de l’établissement, une longue file de militants se dessinait dès le matin, dans l’espoir d’apercevoir l’ancien chef de l’Etat (2000-2011).

Acclamé à son arrivée vers 13H00 (GMT et locales) Laurent Gbagbo, costume sombre et masque FFP-2 sur le visage a longuement salué un parterre de cadres et d’anciens ministres du Front populaire ivoirien (FPI), son ancien parti historique.

Le FPI fondé dans la clandestinité en 1982, étant désormais aux mains de son ex-Premier ministre Pascal Affi N’Guessan, M. Gbagbo, 76 ans, a choisi de donner un nouveau souffle à son retour en créant sa propre formation qui devrait s’appeler « Parti des Peuples Africains – Côte d’Ivoire » (PPA-CI).

Dans le nom comme dans le logo – deux mains entrelacées dans une carte d’Afrique – qui seront proposés dimanche, l’accent est mis sur la dimension panafricaine du parti. Plusieurs délégations de représentants politiques d’une douzaine de pays africains étaient présentes samedi, dont l’opposant tchadien Succès Masra.

Simone Gbagbo à l’étranger

« On voit que Laurent Gbagbo a passé une dizaine d’années loin mais qu’il n’a pas cessé de penser à l’avenir de la Côte d’Ivoire et de l’Afrique », estime Hubert Oulaye, ancien ministre de l’Emploi.

« Nous attendons sa voix. Ca me plait que ce soit un parti panafricain car quand on n’est pas unis on n’a pas la force. La réconciliation passera par lui », assure Napo Cassaï, un militant venu de la région de Soubré (ouest).

« Laurent Gbabgo est le seul qui peut nous donner une indépendance réelle : l’or, le pétrole, le cacao pour nous », renchérit Behi Gbehi, une sexagénaire qui a fait une nuit de bus pour venir de Daloa (centre) assister au congrès.

Pas question pour autant de délaisser la politique nationale en Côte d’Ivoire. Dans l’entourage de l’ancien président, le mot d’ordre est clair: ce nouveau parti vise à recréer un débat politique dans un pays où l’opposition est considérablement affaiblie depuis 10 ans.

Depuis son retour à Abidjan le 17 juin, acquitté par la justice internationale qui le jugeait pour crimes contre l’humanité dans la sanglante crise post-électorale de 2010, Laurent Gbabgo a été omniprésent sur la scène politique.

Visite chez l’ex-président et ancien rival Henri Konan Bédié, rencontre de « réconciliation » avec le chef de l’Etat Alassane Ouattara, rupture consommée Pascal Affi N’Guessan: il est de suite redevenu un acteur de premier plan de la vie politique ivoirienne.

Signe d’une certaine détente avec M. Ouattara, le n°2 du parti au pouvoir Adama Bictogo était présent samedi au congrès et est même monté à la tribune où il a tenu un discours de réconciliation et de « soutien » à cette nouvelle formation, sous les applaudissements.

Reste à savoir quelles personnalités politiques ivoiriennes rejoindront cette plateforme. Si une majorité des cadres du FPI l’ont suivi dans cette nouvelle aventure, quelques inconnues demeurent.

Et en particulier celle du rôle de Simone Gbagbo dont l’absence a été remarquée samedi. En déplacement en République démocratique du Congo, l’ex-Première Dame dont Laurent Gbagbo a récemment demandé le divorce, multiplie les signaux pour tracer son propre chemin politique.

Le lancement de ce parti, quatre mois après le retour de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire, est en tout cas une première étape vers la présidentielle de 2025.

Un projet de l’exécutif visant à limiter l’âge des candidats à 75 ans pourrait toutefois constituer un obstacle aux ambitions de Laurent Gbagbo. En 2025, il aura 80 ans.

Afrika Stratégies France avec Le Point Afrique

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