SMALL VOICES BIG DREAMS 2019 : Les enfants décrochent la parole et parlent « violence »

Child Fund Alliance et Educo ont publié le 4 septembre, Small VoicesBig Dreams 2019,  un rapport qui décrit en détail les résultats d’une enquête menée auprès de 5 500 enfants provenant de 15 pays dont le Burkina Faso et le Ghana en Afrique. 30 ans après l’adoption de la Déclaration des droits de l’enfant, il donne un aperçu saisissant de la façon dont les enfants partout dans le monde perçoivent la violence et les efforts engagés par les adultes pour les protéger contre cette dernière.

violence physique, agression sexuelle, négligence et violence psychologique.C’est ce que révèle le rapport Small Voices Big Dreams 2019 qui se signale par son originalité pour avoir accordé la parole exclusivement aux enfants.  Au-delà de l’étude habituelle des causes de la violence ou des effets qu’elle peut avoir sur les enfants, le rapport a le mérite de proposer plutôt une analyse exhaustive au sein de laquelle les enfants et les adolescents partagent leur perception de la violence, qui est une réalité pour de nombreux jeunes dans le monde. Et les enfants n’en demandent pas plus. Une enquête globale menée auprès de presque 5 500 enfants dans 15 pays dans le cadre du rapport, révèle que les enfants ne se sentent pas écoutés et pas suffisamment protégés. 9 enfants sur 10 affirment que la reconnaissance de leurs droits est essentielle à la prévention de la violence. « Nous estimons que l’enfant à travers ses mots est le plus à même de dire ces maux », a justifié Edouard Junior Ndeye, Directeur National Educo Burkina Faso.

L’urgence de l’écoute

Les voix des enfants sont fondamentales pour mettre fin au fléau global de la violence contre l’enfance. Et le rapport révèle bien, la pleine conscience des enfants de la leur situation. En effet, plus de 40% des enfants interrogés ne se considèrent pas protégés contre la violence de manière adéquate, les filles étant celles qui perçoivent un degré plus élevé d’insécurité. 1 enfant sur 2 estime également que les adultes n’écoutent pas ses opinions sur les questions importantes, selon le nouveau rapport qui inclut l’une des plus vastes enquêtes mondiales consacrée aux enfants. 1 enfant sur 2 affirme que dans son pays les opinions des enfants concernant les questions qui comptent pour eux ne sont pas écoutées par les adultes. 9 enfants sur dix pensent que la chose la plus importante que les adultes peuvent faire pour mettre fin à la violence faite aux enfants est de les aimer davantage et d’écouter ce qu’ils ont à dire. « La société doit donner la parole aux enfants pour qu’ils se sentent en sécurité et protégés », a déclaré Rimpal, 12ans (Ghana). Le rapport aura donc eu le mérite de briser le tabou en accordant la parole aux enfants : « Ce rapport fournit un aperçu poignant des voix des enfants qui disent ressentir de la peur, souffrir de faible estime de soi et de solitude à cause des adultes qui les entourent. Ils ne se sentent pas protégés ni écoutés »,a déclaré la secrétaire générale de ChildFund Alliance.

Le spectre de la violence faite aux enfants

La violence n’est pas un phénomène invisible pour les enfants. Ceux-ci reconnaissent en grande partie la plupart de ses manifestations et de ses formes. Certaines d’entre elles sont en effet explicites et visibles, mais il en existe d’autres beaucoup plus subtiles et plus difficilement reconnaissables par les enfants, renseigne le rapport. Ainsi plus de 40% des enfants ne se considèrent pas suffisamment protégés contre la violence dans le pays où ils vivent. Plus de 2/3 des enfants (69%) rejettent la violence comme moyen d’éducation. Seuls 18,1 % des enfants pensent que les politiciens et les personnes qui les gouvernent les protègent contre la violence. Certaines des principales conclusions de l’enquête révèlent que seulement 18% des enfants pensent que les politiciens et les gouvernants protègent les enfants de la violence.  1 enfant sur 2 déclare que les adultes de son pays n’écoutent pas ses opinions sur des questions qui les concernent; Plus de 40% pensent que les enfants ne sont pas suffisamment protégés contre la violence dans le pays dans lequel ils vivent; Plus de 2/3 des enfants (69%) rejettent la violence en tant qu’outil éducatif; 9 sur 10 pensent que la chose la plus importante que les adultes puissent faire pour mettre fin à la violence à l’encontre des enfants est de les aimer davantage et d’écouter ce qu’ils ont à dire. 9 sur 10 estiment que la reconnaissance des droits de l’enfant est la clé de la prévention de la violence. Les enfants ont également signalé qu’il existait presque toujours un déséquilibre de pouvoir entre victime et agresseur dans les situations de violence, et plus de la moitié ont déclaré que la violence avait lieu parce que les enfants ne pouvaient pas se défendre contre des adultes ou des enfants plus âgés.  «Chaque année, plus d’un milliard d’enfants dans le monde sont victimes de violence et d’exploitation, soit plus d’un sur trois.  C’est un fléau mondial qui transcende les frontières, la classe sociale, la culture, l’ethnie, la race, le sexe et le statut socio-économique », a déclaré Meg Gardinier.

Agir

Selon le rapport, les enfants ont mis en évidence trois causes principales de la violence: leur propre absence de défense, le cycle de la violence et la perte de maîtrise de soi due à la toxicomanie chez les adultes. Près de 4 enfants interrogés sur 10 considèrentqu’internet et les réseaux sociaux ne constituentpas des espaces sûrs pour les personnes de leur âge.L’espace urbain ou l’espace public en général sontégalement considérés comme des espaces à risquepour les enfants. 34,4% d’entre eux affirment que larue, les transports publics, les places ou les parcsdans leurs communautés ne sont jamais ou presquejamais des lieux sûrs. Ce qui reste encore plus préoccupant,cesont  tous ces enfants victimes de maltraitanceet qui ne sont encorerepérés, ni pris en charge et donc pas aidés. Et Child Fund Alliance en est bienconsciente : « Nous aurions aimé donner la porale à plus d’enfants dans chaque pays et dans plus de pays à travers le monde », a souhaité le Directeur national Educo Burkina Faso. Il propose donc pour un traitement adéquat des enfants, le renforcement du système de protection ; l’élaboration de politiques, de législation et d’instruments en accord avec les conventions et leur application ; l’amélioration de l’organisation et de la coordination du système de protection de l’enfant avec des rôles clairement définis, des responsabilités et l’imputabilité; l’accès étendu à des services de qualité, avec la réduction des écarts identifiés pour les soins requis et pris en compte, l’articulation entre les acteurs institutionnels et communautaires. Edouard Junior Ndeye recommande par ailleurs, la promotion des communautés protectrices et bienveillantes à travers des actions sur les normes et les coutumes préjudiciables par le dialogue, la conciliation et la transformation, mais aussi le renforcement du rôle des parents en tant que premières ressources et refuges des enfants et le renforcement des capacités des enfants.

Thomas Azanmasso, Cotonou, Afrika Stratégies France

 

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