CAMEROUN : Les assises de l’Upf prennent fin pleines « d’émotions entre journalistes »

Les 48emes assises de l’Union de la presse  francophone (Upf) se sont ouvertes mardi 19 novembre 2019 à l’hôtel Hilton de Yaoundé, au Cameroun. Pendant 4 jours, les 400 participants venus de 60 pays francophones  ont débattu  des questions relatives à l’information et aux émotions dans les médias. A la cérémonie de clôture, malgré la décortication du thème, des émotions se lisaient dans les yeux. Rendez-vous en 2020 à Tunis. 

Autour du thème  « Journalisme d’émotion, journalisme d’information ? », les 48emes assises de l’Union de la presse  francophone ont offert l’occasion aux participants, de mener des discussions sur les questions relatives à l’information et aux émotions à l’ère de la montée en puissance des réseaux sociaux. Et pour nourrir les débats, des d’interrogations qui subsistent à cet effet, notamment sur l’avenir des médias sous l’influence des émotions, sont mises en lumière : le journalisme d’émotion va-t-il remplacer le journalisme d’information? L’émotion sert-elle à manipuler l’information ? Quid de l’émotion des journalistes devant des situations de grande détresse humaine ? L’appréhension émotionnelle des faits et des situations ne contribue-t-elle pas à affecter l’analyse rationnelle et la compréhension des vrais enjeux ? Servir l’émotion au lieu des faits a-t-elle pour effet de décrédibiliser le journalisme ? Le journalisme d’enquête et d’analyse suffit-il à redorer le blason des professionnels aujourd’hui haïs et malmenés ? Comment réinventer le journalisme ? Autant d’interrogations qui ont permis de mener la réflexion, en vue de tirer les grandes conclusions et envisager des mesures pour une pratique plus saine du métier de journalisme. Dans cet esprit, de nombreux ateliers et tables rondes sont organisés selon de divers sous-thèmes tels que « L’émotion dans les médias, frein ou atout pour l’information ? » ; « Le photojournalisme : entre information et mise en scène, lorsque la recherche de l’émotion déforme les faits » ; « Couverture des grands mouvements populaires, objectivité  de l’information, subjectivité de l’émotion » ; « Journalisme d’investigation : du droit absolu à l’information »…

Pour des médias plus objectifs

Le président l’Union de la presse francophone (Upf) est bien conscient de l’enjeu lié à la rencontre vu la sensibilité du thème autour duquel elle se déroule. Selon les propos de Madiambal Diagne, l’Upf s’est rendue à Yaoundé pour « réaffirmer le droit des citoyens à une information crédible, équilibrée et féconde ». Le président l’Upf dénonce l’influence de l’émotion sur les medias qui deviennent incontrôlables : « on n’informe plus, on cherche à émouvoir. L’affect a pris le pouvoir sur l’intellect », a déploré Madiambal Diagne pour qui les journalistes sont devenus « des suiveurs, des télécopieurs, des relayeurs d’un faisceau d’informations manipulées par le citoyen lambda ». Il garde cependant l’espoir que la rencontre puisse déboucher sur des perspectives heureuses. « Yaoundé devra marquer le renouveau de l’information et des pratiques professionnelles dans l’espace francophone. Les différentes sessions de travail devraient indiquer les formules pour revenir aux fondamentaux d’un métier noble et nécessaire à la dynamique sociale et à l’idéal démocratique », a-t-il souhaité. Se félicitant du choix porté sur son pays pour abriter l’événement, le premier ministre camerounais venu présider l’ouverture officielle, a exprimé son souhait de voir la réussite de cet événement, le 2e de ce genre accueilli au Cameroun après dix ans.  Dr. Joseph Dion Ngute a reconnu que son thème « fort évocateur en dit long sur les défis qui interpellent les médias pris au piège de la course à l’audience, happés par l’émotion au risque de faire dérailler l’information ». Il reste convaincu que les journalistes francophones sauraient « tirer avantage des Assises de Yaoundé pour réinventer de nouvelles pratiques professionnelles, mais aussi pour découvrir ce beau pays, terre d’hospitalité ».

L’Upf en question

Fondée en 1950 d’une initiative franco-canadienne, l’Upfest la plus ancienne association francophone de journalistes reconnue par les organisations internationales telles l’Onu, l’Unesco et l’Organisation internationale de la Francophonie (Oif). Son appellation d’origine est l’Association internationale des journalistes de langue française (Aijlf). Étant une organisation non gouvernementale, l’Upf a pour objectif de défendre la liberté et les valeurs fondamentales de la presse. Depuis sa naissance, elle s’est employée à développer ses relations dans le monde. Aujourd’hui, elle regroupe quelque 50 sections et plus de 3.000 journalistes, responsables et éditeurs de la presse écrite et audiovisuelle répartis dans 110 pays ou régions du monde. Siégeant à Paris, elle est présidée par le Sénégalais Madiambal Diagne depuis novembre 2014 et son secrétaire général International Zara Nazarian depuis novembre 2018. La rencontre du Cameroun connaît la participation de près de 400 journalistes dont 105 professionnels camerounais et plus de 240 étrangers venus de pays francophones et d’autres nationalités telles que la Géorgie, la Serbie, le Monténégro, Haïti, la Guyane, la Thaïlande, la Grèce, ou encore le Rwanda…En marge des débats, les visites touristiques et culturelles marquent aussi ces 48es Assises de l’Upf.

Thomas AZANMASSO, Cotonou, Afrika Stratégies France

Avec Brice Kodjo, Envoyé spécial à Yaoundé

 

 

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