Vente de matériel de cybersurveillance à l’Egypte : la société Nexa Technologies mise en examen

La société française Nexa Technologies, accusée d’avoir vendu du matériel de cybersurveillance au régime égyptien, qui aurait permis à ce dernier de traquer des opposants, a été mise en examen en octobre pour « complicité d’actes de torture et de disparitions forcées », a appris, dimanche 28 novembre, l’Agence France-Presse (AFP), d’une source proche du dossier.

L’enquête menée par le pôle crimes contre l’humanité du tribunal judiciaire de Paris a ainsi pour but de déterminer si un lien entre l’utilisation de la surveillance et la répression peut être démontré.

La mise en examen a été prononcée le 12 octobre par la juge d’instruction chargée des investigations, environ quatre mois après celles de quatre dirigeants et cadres de la société, selon cette source, confirmée par une source judiciaire. Contacté par l’AFP, l’avocat de Nexa Technologies, MFrançois Zimeray, n’a pas souhaité faire de commentaires.

Ouverture d’une information judiciaire en 2017

Une information judiciaire avait été ouverte en 2017 à la suite d’une plainte de la FIDH et de la LDH déposée avec le soutien du Cairo Institute for Human Rights Studies (CIHRS). Celle-ci s’appuyait sur une enquête du magazine Télérama révélant la vente en mars 2014 d’« un système d’écoute à 10 millions d’euros pour lutter  officiellement  contre les Frères musulmans », l’opposition islamiste en Egypte.

Appelé Cerebro, ce programme permet de traquer en temps réel les communications électroniques d’une cible, à partir d’une adresse e-mail ou d’un numéro de téléphone, par exemple. Les ONG accusaient ce logiciel d’avoir servi la vague répressive contre les opposants d’Abdel Fattah Al-Sissi, qui, selon le CIHRS, s’est traduite par « plus de 40 000 prisonniers politiques en Egypte ».

Nexa est dirigée par d’anciens responsables d’Amesys, visée par une autre information judiciaire depuis 2013, pour avoir vendu au régime de Mouammar Kadhafi entre 2007 et 2011 un logiciel appelé à l’époque Eagle – ancêtre de Cerebro –, lequel aurait servi à arrêter des opposants libyens. Dans cette enquête, Amesys et celui qui en fut le président jusqu’en 2010 ont aussi été mis en examen en juin.

Afrika Stratégies France avec Le Monde Afrique

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