Sénégal: une accalmie nécessaire mais qui ne peut pas durer

Cela fait à présent plus de dix jours qu’Ousmane Sonko a été condamné. Le premier opposant du pays est toujours enfermé à son domicile dakarois, dont les forces de l’ordre l’empêchent de sortir. Après les journées de manifestations et de violences qui ont suivi sa condamnation, la vie a progressivement repris son cours dans la capitale sénégalaise, qui semble avoir retrouvé un quotidien normal. Une accalmie nécessaire mais qui ne pourra pas durer éternellement. Les Sénégalais restent suspendus aux suites de la crise politique profonde que traverse le pays.  

Avec notre envoyé spécial à Dakar, David Baché

« Les gens ont besoin de travailler et de vivre », explique Ogo Seck, professeur de sciences politique à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis. Il estime que le « calme relatif » actuel est également un premier acquis de la médiation des chefs religieux auprès des différentes parties.

« Il y a aussi des entrepreneurs privés et des personnalités de la société civile qui tentent de rapprocher les points de vue », souligne Moussa Diaw, qui enseigne également les sciences politiques à l’UGB. Selon lui, la retenue des différentes parties est liée à ces initiatives en cours, menées dans la plus grande discrétion et dont « on attend les effets. »

« Il faut laisser le temps », pose le professeur Diaw. Le chercheur ajoute que le calme actuel est également nécessaire pour « panser les blessures », après les violences et les morts qui ont endeuillé le Sénégal il y a une dizaine de jours.

Le sort qui sera réservé à Ousmane Sonko, susceptible d’être arrêté à tout moment, les évolutions judiciaires après les appels déposés par Adji Sarr et Ndeye Khady Ndiaye, sont autant d’éléments d’incertitude.

La Tabaski, une fête très importante au Sénégal, sera célébrée le 29 juin, et le président Macky Sall a annoncé qu’il s’exprimerait à l’issue du dialogue national, dont il attend les conclusions « avant le 25 juin. »

Les Sénégalais attendent des réponses sur la question de son éventuel troisième mandat, de la possibilité pour Ousmane Sonko, Karim Wade ou Khalifa Sall de se présenter à la présidentielle de 2024, ou encore sur le sort réservé aux opposants arrêtés ces derniers mois.

Pour le professeur Seck, apaisement ou reprise des violences, « tout dépendra de ce que Macky Sall dira. »

Les clients reviennent un peu mais ce n’est pas comme d’habitude. Ça s’est un peu calmé, mais la paix n’est pas stable.

Afrika Stratégies France avec RFI

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