Royaume-Uni: la justice se prononce contre les expulsions de migrants vers le Rwanda

Le Royaume-Uni n’enverra pas ses demandeurs d’asile au Rwanda. C’était la politique phare de Boris Johnson et de son successeur, Rishi Sunak : sous-traiter son système de demande d’asile au pays d’Afrique de l’Est, une mesure très critiquée par l’opposition et les militants. La justice retoque le projet du gouvernement. Le Premier ministre britannique Rishi Sunak a annoncé que son gouvernement entendait contester devant la Cour suprême la décision de la cour d’appel.

Le Rwanda n’est pas un pays tiers sûr : c’est la conclusion de la cour d’appel, qui rend donc le projet du gouvernement illégal, rapporte notre correspondante à Londres, Emeline Vin. Les trois juges estiment que les demandeurs d’asile ne seraient pas pleinement en sécurité au Rwanda ; dans le jugement de 160 pages, la cour considère qu’il existe un risque que les migrants soient renvoyés dans leur pays d’origine pendant l’examen de leur demande.

Toutefois, la cour laisse la porte ouverte à la mise en œuvre de la politique, « si Kigali rectifie les défaillances dans son processus d’asile ». « Je respecte la cour, mais je suis en désaccord fondamental avec ses conclusions », a déclaré le chef du gouvernement conservateur dans un communiqué. « Le Rwanda est un pays sûr. Nous allons maintenant demander la permission de faire appel de cette décision devant la Cour suprême », a-t-il ajouté.

Un texte jugé inhumain

En décembre, la Haute Cour avait pourtant validé le texte, avant d’autoriser un appel. Les défenseurs des droits des migrants dénonçaient le bilan rwandais en matière de droits humains. L’opposition, qui a échoué à bloquer le projet au Parlement, le considérait impraticable, inhumain et surtout trop coûteux : en début de semaine, le ministère de l’Intérieur évaluait à près de 200 000 euros le coût du transfert de chaque demandeur d’asile, bien plus que l’hébergement au Royaume-Uni.

Le gouvernement a fait de la baisse de l’immigration illégale en particulier l’une de ses promesses de campagne. Le partenariat avec le Rwanda devait servir de dissuasif.

Le gouvernement rwandais a annoncé rester engagé dans l’accord avec Londres prévoyant l’expulsion de migrants clandestins de Grande-Bretagne vers le Rwanda, bien que la justice britannique l’ait déclaré « illégal ». « Si cette décision appartient en dernier ressort à la justice britannique, nous contestons le fait que le Rwanda ne soit pas considéré comme un pays sûr pour les réfugiés et demandeurs d’asile », a ajouté auprès de l’AFP la porte-parole du gouvernement rwandais, Yolande Makolo.

Afrika Stratégies France avec RFI

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