En Tunisie, le correspondant du journal « Libération » brutalisé par des policiers lors d’une manifestation

Le correspondant du quotidien Libération en Tunisie a été roué de coups, vendredi, par les forces de sécurité tunisiennes. « Alors qu’il couvrait une manifestation contre le président Kaïs Saïed vendredi, notre correspondant Mathieu Galtier a été violemment frappé par plusieurs policiers. La direction du journal condamne fermement cette agression », a réagi Libérationsur son site.

Des manifestations contre le président étaient organisées vendredi dans la capitale tunisienne, marquant également le onzième anniversaire de la chute de l’autocrate tunisien Zine El-Abidine Ben Ali. Les rassemblements, interdits par le pouvoir, ont été brutalement dispersés par les forces de sécurité, donnant lieu à des scènes de violence rarement vues dans la capitale. « Mathieu Galtier filmait l’arrestation musclée d’un manifestant avec son téléphone portable quand il a été pris à partie par un policier en uniforme », rapporte Libération.

Frappé « dans tous les sens »

Le correspondant, cité par le journal, explique s’être immédiatement identifié comme journaliste en français et en arabe, alors que le policier tentait de lui prendre son téléphone. Le journaliste a ensuite été « soulevé et traîné entre deux fourgonnettes ». Il relate :

« Ils ont commencé à me frapper dans tous les sens, j’étais par terre, recroquevillé en position fœtale, je criais que j’étais journaliste. L’un d’eux m’a aspergé de gaz à bout portant. Ils m’ont donné des coups de pied. Finalement, ils ont pris mon téléphone, ma carte de presse et ils m’ont laissé là. »

Une fois soigné par les pompiers, le correspondant affirme que ses affaires lui ont été restituées, à l’exception de la carte mémoire de son téléphone sur laquelle étaient enregistrées ses images et vidéos. Le journaliste, installé depuis six ans en Tunisie, s’est vu prescrire « quinze jours de repos ». Un médecin a notamment constaté « une écorchure de 10 centimètres de diamètre au front ».

Plusieurs journalistes agressés

L’Association des correspondants étrangers en Afrique du Nord (NAFCC) condamne aussi, dans un communiqué, « les violences exercées par les forces de sécurité sur les journalistes qui couvraient les mobilisations » à Tunis où a été atteint « un niveau de violence jamais connu depuis la création de NAFCC en 2014 »« Un photographe a été notamment matraqué et une vidéojournaliste bousculée et empêchée de filmer », ajoute l’association, qui demande l’ouverture d’une enquête « sans délai ».

Dans un communiqué publié samedi, le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) a dénoncé « fortement la violence barbare » de la police contre des journalistes qui étaient sur le terrain le 14 janvier. Selon le SNJT, plus de 20 agressions policières ont été enregistrées contre des journalistes, « ciblés alors qu’ils portaient leurs gilets distinctifs et faisaient état de leur statut de journaliste lors de l’agression ».

Afrika Stratégies France avec Le Monde Afrique

AfriqueManifestationstunisie
Commentaires (0)
Ajouter un commentaire