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Football : « Ce serait incompréhensible que la CAN n’ait pas lieu »

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Le coup d’envoi de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) doit être donné au Cameroun dans seulement trois semaines, le dimanche 9 janvier 2022, mais il ne se passe plus un jour sans que l’organisation de la compétition phare du football africain fasse l’objet de spéculations. Après celles sur une possible délocalisation au Qatar en raison des retards accumulés par le Cameroun sur différents sites, notamment le stade Olembe à Yaoundé, c’est le scénario d’une annulation pure et simple du tournoi qui a été évoqué, mercredi 15 décembre, par le média français RMC.

En cause, selon ce dernier : l’épidémie de Covid-19 et l’émergence du variant Omicron, identifié pour la première fois en Afrique du Sud. Plusieurs clubs européens, dont certains sont membres de la puissante Association européenne des clubs (ECA), ont en effet adressé, vendredi 10 décembre, un courrier à la Fédération internationale de football (FIFA) et à la Confédération africaine de football (CAF) pour faire part de leurs inquiétudes, faute d’annonce sur un protocole sanitaire.

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Jeudi 16 décembre, le gouvernement camerounais et la CAF ont dévoilé les contours de ce protocole. « Les supporters ne pourront accéder aux stades […] que s’ils sont entièrement vaccinés et présentent un test PCR négatif de moins de 72 heures ou un TDR antigénique négatif de moins de 24 heures », ont-ils annoncé dans un communiqué publié à l’issue d’une rencontre entre les ministres camerounais de la santé, Manaouda Malachie, et des sports, Narcisse Mouelle Kombi ; le secrétaire général de la CAF, Véron Mosengo-Omba ; et la première vice-présidente de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot), Céline Eko Mendomo.

« Malgré ce défi supplémentaire que constitue cette pandémie, notre CAN doit maintenant se jouer. Sa cérémonie solennelle d’ouverture est prévue le 9 janvier 2022 au complexe sportif d’Olembe » à Yaoundé, affirmaient les quatre signataires du communiqué, en précisant que la CAF ferait « appel à un laboratoire indépendant internationalement reconnu pour tester les joueurs des équipes nationales qualifiées et leur encadrement ».

Pressions des clubs

Le Monde Afrique a joint plusieurs sélectionneurs – Amir Abdou (Comores), Mohamed Magassouba (Mali), Didier Gomes da Rosa (Mauritanie), Tom Saintfiet (Gambie) et Patrice Neveu (Gabon) – afin de savoir s’ils avaient été approchés par la CAF à propos d’une éventuelle annulation. Tous ont répondu par la négative. « Le Cameroun a dépensé beaucoup d’argent pour organiser la CAN, cela fait des mois que les sélectionneurs travaillent sur la préparation, les joueurs ont hâte de disputer le tournoi : ce serait incompréhensible qu’il n’ait pas lieu et que la CAF cède aux pressions de quelques clubs européens, insiste Amir Abdou. Cela me surprend d’entendre des clubs européens, et surtout anglais, dire qu’ils ont peur du Covid-19 et du variant Omicron, alors que c’est justement en Europe, notamment au Royaume-Uni, et pas au Cameroun, qu’il circule le plus. »

Les clubs redoutent surtout l’absence prolongée des internationaux africains sélectionnés pour la compétition, qui devront observer une période de quarantaine à leur retour en Europe. Plusieurs d’entre eux exercent donc des pressions plus ou moins appuyées sur leurs joueurs, afin qu’ils déclinent la sélection.

« Cela a toujours été le cas, affirme Patrice Neveu, l’entraîneur du Gabon. Comme la CAN se joue en janvier et février [excepté en 2019, où elle s’était déroulée en juin et juillet], donc en pleine saison, des clubs font le forcing pour que les joueurs ne partent pas en Afrique pendant plusieurs semaines. » Certains membres de son équipe sont confrontés à de telles difficultés cette année, ajoute-t-il : « Pourtant, selon les statuts de la FIFA, les clubs sont obligés de les libérer. »

« De plus en plus compliqué »

En revanche, le sélectionneur de la Gambie, Tom Saintfiet, dont plusieurs internationaux évoluent dans certains des meilleurs championnats d’Europe (Italie, Espagne, Suisse, Belgique), assure pour l’instant n’avoir « pas eu de retour quant à d’éventuelles pressions » exercées sur eux.

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Au mois d’octobre, l’international algérien Andy Delort avait annoncé qu’il renonçait à participer à la compétition panafricaine afin de se consacrer pleinement à son nouveau club, l’OGC Nice. Djamel Belmadi, le sélectionneur des Fennecs, avait alors assuré que le club de Ligue 1 française ne « souhaitait pas que ses internationaux africains disputent la CAN », ce que celui-ci avait démenti, tout comme le joueur.

D’ici au 9 janvier 2022, les rumeurs risquent de continuer à aller bon train. Organiser la CAN est « de plus en plus compliqué et difficile », a résumé, jeudi 16 décembre, le sélectionneur du Maroc, Vahid Halilhodzic, dans une interview à l’Agence France-Presse, avant de s’interroger : « Aura-t-elle lieu ou pas ? Pour l’instant, c’est une grosse bataille entre différents lobbyings. »

Afrika Stratégies France avec Le Monde Afrique

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